Après-Monde, Prologue


Voici le prologue d’un projet en cours de roman post-apocalyptique… Enjoy!

LE JEU

Tom venait tout juste de se réveiller. Il ignorait depuis combien de temps et pourquoi il avait fermé les yeux, mais il sentait bien que quelqu’un l’y avait forcé. Il se souvenait vaguement qu’il quêtait dans les ruelles de la ville, répétant toujours le même discours à tue-tête : «Une ration, s’il-vous-plaît, une ration! J’ai une fille et ma femme est morte la semaine dernière… une ration, je vous en supplie!» Bien entendu, personne ne lui avait proposé d’aide ou lui avait offert ne serait-ce qu’une bouchée de quelque chose. Cela se passait ainsi perpétuellement dans ce satané endroit. Le soleil venait tout juste de se coucher que Tom désirait retourner chez lui voir sa fille. Il disait donc la vérité lorsqu’il mendiait… ou plutôt en partie. Sa fille, Ann, était morte de faim quelques jours auparavant. Incapable de faire quoi que ce soit avec son corps, Tom l’avait laissé dans sa vieille cabane crasseuse dénuée d’hygiène. L’odeur du corps sans vie commençait à devenir insupportable, alors Tom s’était bien décidé à enterrer l’enveloppe corporelle d’Ann une bonne fois pour toute et par le fait même débuter comme il se devait son deuil. Malheureusement, il n’avait pas eu le temps de se rendre jusqu’à son habitation. Ça, il s’en rappelait.

Ce n’était pas chez lui qu’il s’était réveillé, mais dans une pièce sombre et humide, où seulement trois lanternes accrochées au plafond permettaient d’y voir quelque chose. Il ignorait où il se trouvait… mais surtout, il ignorait pourquoi on l’avait attaché. Tom était assis sur une chaise de bois et ses tibias étaient ligotés contre les pattes du siège de façon à ce qu’il ne puisse se mouvoir librement. Par contre, tout le haut de son corps et ses bras pouvaient bouger selon sa volonté. Devant lui se trouvaient une table ronde en métal ainsi que deux autres hommes également prisonniers. Ils étaient bien éveillés et semblaient étouffer de chaleur. Ils respiraient fortement et se demandaient ce qu’ils faisaient là et qui les avaient placés dans cette situation :

—    Il y a quelqu’un?! lâcha le premier, l’air paniqué. Pourquoi on est là?!

Tom l’avait déjà vu quelque part. Ce bonhomme au corps aussi fragile que de la porcelaine quêtait souvent, lui aussi. Il sentait d’ailleurs encore plus mauvais que Tom lui-même, ce qui, il faut le dire, sortait de l’ordinaire. Le deuxième captif, lui, bien plus corpulent et portant fièrement une chemise blanche impeccablement propre, n’avait pas l’intention d’être aussi aimable que le maigrichon :

—    C’est quoi ce bordel?! Qu’on vienne me détacher tout de suite! Venez ou je vous détruis la gueule dès que je me défais de ces putains de liens!

Avant que Tom puisse dire quoi que ce soit, ce qu’il n’aurait de toute façon pas fait tellement la situation le dépassait, une femme sortit de l’ombre. Les lanternes du plafond ne permettaient aux prisonniers que de voir à quelques pieds devant eux, pas plus. La pièce aurait pu faire deux kilomètres carré et ils n’auraient pu s’en rendre compte.

La femme en question n’était pas n’importe qui… tout le monde en ville la connaissait. Amy Jones, capitaine du régiment d’armée de l’Alliance de Kingston. Brutale, sévère et terrifiante, telles étaient ses principales caractéristiques. Âgée d’une trentaine d’années, ses cheveux courts blonds à l’arrière et sur les côtés ainsi que son toupet légèrement plus long qui lui tombait sur le front la rendaient encore davantage stricte. Pourtant, ses traits fins, ses lèvres pulpeuses et son corps de rêve la rendait désirable pour plus d’un. Son uniforme tout blanc de l’Alliance décoré de plusieurs médailles militaires, étrangement, favorisait l’exposition de ses généreuses courbes au niveau de la taille et de la poitrine. Toutefois, quiconque en apprenait un peu sur elle oubliait ces qualités physiques. On disait qu’il n’existait pas sur Terre, ou du moins ce qu’il en restait, femme plus cruelle qu’Amy Jones.

Elle s’approcha jusqu’à la table ronde sans dire un mot pour y déposer un revolver. Le gros à la chemise n’attendit pas pour se faire entendre :

—    Hey, miss Jones, qu’est-ce qu’on fout ici? On a fait quelque chose de mal? On est allé à l’encontre d’une règle de l’Alliance? Moi, en tout cas, je suis persuadé que je n’ai rien fait d’illégal. Libérez-moi!

Amy resta de marbre.

—    Pourquoi cette arme? demanda le maigrichon. Pourquoi nous avoir ligotés comme ça? Je ne suis qu’un pauvre mendiant qui…

—    Assez! fit sèchement la femme militaire, ce qui convainquit Tom de ne rien ajouter. Vous allez jouer à un jeu avec moi. Un jeu au cours duquel… certains d’entre vous, ou peut-être même la totalité d’entre vous, mourront.

—    Quoi?! Et pourquoi…

Un coup de feu et le cri du gros bonhomme se firent entendre avant que celui-ci puisse terminer sa phrase. On lui avait tiré dans la cuisse. Impossible d’apercevoir le tireur.

—    Comme vous pouvez le constater, vous n’avez pas vraiment le choix de participer, puisque si vous vous désistez ou si vous refusez de continuer… mes hommes, qui sont tapis dans l’ombre de cette salle et qui vous observent depuis que vous êtes ici, se feront une joie de vous descendre, poursuivit Amy Jones.

Aucun des hommes captifs n’osa prononcer quoi que ce soit. On n’entendait plus que le type à la chemise gémir de douleur. Il continuait par contre à écouter.

—    Vous connaissez la roulette russe? C’est à ce jeu que vous allez jouer. Le revolver que j’ai déposé contient 4 balles au lieu de 6. Chacun votre tour… vous tournerez la roulette du barillet, placerez bien le canon du colt sur votre tempe et… appuierez sur la gâchette. Après trois tentatives, si vous êtes toujours en vie… Nous vous laisserons partir.

—    Alors c’est ce que fait véritablement l’armée de l’Alliance?! Buter des citoyens qui n’ont absolument rien fait?!

—    Vous êtes tous les trois des ordures. Des mendiants, des voleurs, des trompeurs, peu importe… vous êtes des ordures. Ici, à Kingston, on a bien assez de bouches à nourrir comme ça, pas besoin de déchets comme vous. Estimez-vous heureux d’avoir une chance de vous en sortir. Allez, toi en premier.

Elle avait pointé Tom, qui n’avait toujours pas ouvert la bouche depuis son réveil. Il hésita un moment à prendre l’arme, mais il savait qu’il se ferait descendre dans la seconde s’il n’obéissait pas. Et puis, qu’est-ce qu’il avait à perdre maintenant? Il saisit le colt et fit rouler le barillet, posa le canon sur sa tempe, puis se remémora sa vie. Vie de douleurs, de tristesse, de déceptions, de faim, de pertes… il se sentait prêt à en finir. Quand il appuya sur la détente, rien d’autre ne se produisit qu’un simple «clic».

D’un hochement de tête, Amy lui fit signe de donner l’arme au maigrichon. Celui-ci tremblait encore plus qu’une personne atteinte du Parkinson. Les larmes aux yeux, il suppliait la capitaine de le laisser partir, mais celle-ci demeurait indifférente et l’avertit que s’il n’obéissait pas, ses sbires allaient se charger de lui.

Quelques instants plus tard, la tête du prisonnier explosa. Plus que trois balles dans le revolver… Il n’avait pas eu la chance de Tom. Celui-ci n’eut pas le courage de regarder plus longtemps le cadavre dépourvu de la moitié d’un crâne du premier otage. Amy Jones, elle, l’observait avec une quasi fascination. Elle sourit puis s’empressa de récupérer le revolver tombé par terre dans une grande flaque de sang. Elle le plaça directement dans la main du gros bonhomme en lui disant : «À toi.»

Le type pris bien le temps de scruter l’arme de tous les sens. Il paniquait, ça se voyait. Jamais cet homme n’aurait cru crever de cette façon. Pas ici. Pas maintenant. Il leva son bras, mais ce n’était certainement pas pour diriger l’arme sur lui. Il pointa vers Amy Jones et appuya une fois sur la gâchette, sans qu’aucun projectile n’en sorte. Il n’eut pas le temps de tirer une deuxième fois qu’on l’avait criblé de balles. Les soldats camouflés dans le noir avaient bien fait leur boulot.

Amy reprit le revolver en crachant sur le cadavre de l’imposant homme et le confia à Tom :

—    Comme tu peux le voir, c’est inutile de tenter quoi que ce soit. Il ne reste plus que trois balles dans le chargeur… et deux tentatives. On ne sait jamais, tu pourras peut-être revoir tes proches dès cette nuit… ou pas.

«Pfff, se dit intérieurement Tom. Je n’ai plus de famille. Alors, à quoi bon?» Il appuya de nouveau sur la gâchette, indifférent, en sentant le métal froid du canon lui frôler la tête. Encore rien.

—    Bien, bien! Plus qu’un coup, mon cher, et tu es libre!

Tom allait tenter de tirer pour une troisième fois lorsqu’il se souvint de quelque chose. Sa fille. Oui elle était morte, mais personne ne l’avait enterrée. Il l’avait laissée pourrir dans sa planque merdique. Comment aurait-elle pu reposer en paix? Sa petite fille chérie, Ann… Non, il ne pouvait pas l’abandonner ainsi. Alors que plus tôt cela ne lui faisait ni chaud ni froid de mourir, maintenant, il désirait vivre… n’était-ce que pour offrir un enterrement respectable à sa fille qui lui avait donné du courage pendant sept longues années, et surtout, qui lui procurait son seul et unique bonheur après la mort de sa femme. Il ne pouvait se permettre de mourir.

Il tira pour une troisième fois après avoir fait tourner de nouveau le barillet. Aucun coup de feu. Ça y était, il avait réussi. Il tourna la tête vers Amy Jones, joyeux comme un luron.

—    Mes félicitations, le jeu est terminé et tu es toujours en vie!

—    Alors, vous allez me libérer? Je suis libre?! fit Tom, tout excité, la voix tremblante.

—    Oui bien sûr!

Elle s’approcha de Tom, se pencha, puis sortit d’un étui accroché à sa taille un couteau de guerre. Elle trancha les liens qui maintenaient prisonnières les jambes de Tom, puis lui tourna le dos en se relevant. Tom ne perdit pas de temps. Il se leva de sa chaise d’un coup et, en ne sachant même pas où il s’en allait, s’apprêta à courir pour trouver la sortie et s’enfuir de cette salle morbide. Il s’arrêta net lorsqu’Amy Jones reprit la parole :

—    Il n’y a qu’un seul petit truc qui m’énerve.

Tom figea. Il ne sut pas pourquoi, mais il figea. Le ton de la voix de la femme militaire le forçait à obéir.

—    Habituellement… personne ne sort vivant de mes petits jeux. Et je ne compte pas changer cette tradition.

Il comprit, cette fois, qu’il aurait réellement dû prendre ses jambes à son cou au lieu de figer sur place pour écouter ce que la capitaine avait à dire. Celle-ci leva le bras gauche et serra le poing. Tom vit des flashs de tous les côtés. Ils provenaient des coups de feu tirés par la douzaine de soldat qui se terraient dans le noir. Tom ne pouvait s’en sortir. Il sentit les projectiles le traverser, mais ne souffrit pas. Il s’affaissa au sol, son sang coulant de partout, mais ne ressentit aucune douleur. Alors qu’il regardait le plafond et ses trois lampes, il ne pensait ni à la mort, ni à l’injustice… il pensait uniquement au corps de sa petite fille qui ne reposait même pas sous terre. Il pensait à Ann.

Amy Jones, quant à elle, souriait, satisfaite.

Simon Rousseau

© 2012 Simon Rousseau

Critique de CABONGA, tome 1 : Pour l’éternité


Auteur : Francesca Lo Dico

Éditeur : Performance Édition

Nombre de pages : 390

Prix : 18,95$

Genre : Fantastique

Cabonga, tome 1

Cabonga, tome 1

Je vais être franc avec vous dès le début, ce livre, ce n’est pas moi qui l’ai acheté au départ. Ça a été en fait un cadeau de ma chère mom, et la raison pour laquelle elle avait décidé de me l’offrir m’avait fait plutôt rire. En fait, Francesca Lo Dico est, un peu comme moi, une jeune auteure. Je venais tout juste de publier pour ma part mon premier roman, alors ça m’intriguait de lire quelqu’un qui était plus ou moins dans la même situation que moi. Mais, surtout, ma mère m’avait affirmé : «En plus, elle est super jolie!»

Je regarde la 4ième de couverture et la photo de l’auteure… Ouais ok, elle avait raison. Je commence alors à plonger dedans.

Résumé de la 4ième de couverture :

« Une première année d’études universitaires se termine pour Cassy et ses amis. En vue de célébrer cette fin de session exténuante, ces jeunes Ontariens séjourneront deux semaines dans une pourvoirie, le Black Lake, située en plein coeur du réservoir Cabonga. Arrivés à destination, ils seront charmés par la beauté sauvage de l’endroit, mais la visite d’une étrange maison leur fera découvrir une autre facette des lieux.

Bouleversée par un rêve étrange fait la veille de son départ, Cassy finira par en comprendre le sens profond au moment où elle fera la rencontre d’Oliver. Sombre et mystérieux, il rôde dans ces maisons abandonnées, détenteur du mystère entourant l’origine véritable de ces vieux bâtiments. Cassy tombera sous l’emprise de sa beauté ensorcelante et de son charme irrésistible, mais sera tout aussi bouleversée lorsqu’elle apprendra la vérité sur son passé. L’amour saura-t-il adoucir les aventures éprouvantes et troublantes qu’elle devra traverser? »

Au départ, avec la couverture, je me doutais bien que ce serait un livre qui aurait plutôt comme public cible des individus de la gent féminine, mais étonnamment, cela ne m’a pas du tout empêché d’apprécier le livre, bien au contraire.

Cabonga raconte l’histoire de Cassy et de ses amis qui partent en vacances dans le réservoir du Cabonga. Oui, l’endroit existe bel et bien, et oui, ça se situe au Québec. Cassy finira par découvrir un monde qu’elle n’était pas censée trouver : celui des fantômes et des esprits maléfiques. Je vous vois venir, vous vous dites : «Bon, une gang de jeunes qui s’en vont dans le bois pendant les vacances et qui se font attaquer par esprits ou des tueurs fous, on a déjà vu ça des centaines de fois…» Mais, croyez-moi, ça n’a absolument rien à voir.

Francesca Lo Dico

Francesca Lo Dico

Ici, il sera plutôt question d’une belle histoire d’amour (pas trop quétaine pour les gars…), d’amitié, de drames, et surtout, de la découverte d’un monde fantastique qui en vaut le détour. Car ce qui m’a charmé, c’est que Francesca Lo Dico ne nous propose pas un univers de fantômes comme on a pu en voir dans nos légendes ou même dans les films américains, mais vraiment un monde original avec plein de potentiel. Bien hâte de voir où tout cela va pouvoir mener dans les tomes 2 et 3…

Il est vrai que ce premier tome nous offre plus de dramatique que de fantastique. Il est vrai aussi qu’on a droit a beaucoup d’explications (peut-être trop) en peu de pages vers la fin du récit et que cela nous plonge de manière un peu précipitée dans le monde surnaturel qu’offre la trilogie Cabonga, mais au final, cela ne vient gâcher en aucun cas le plaisir de lire le roman et l’écriture coule.

Je vous le recommande, surtout que la suite, Cabonga, tome 2 : Le réveil, est pleine de promesses! Je la critiquerai d’ailleurs sous peu!

Points faibles : 
– Possibilité de deviner certains événements

– Révélations peut-être trop condensées

Points forts :

– On s’attache vite aux personnages

– On a l’impression de véritablement ressentir les sentiments entre les différents protagonistes

– Un monde fantastique d’esprits et de fantômes plein de potentiel

Simon Rousseau

Roadtrip au Maine 2012


Ceci est en gros tout ce que j’ai à vous raconter sur mon petit Roadtrip solitaire de 4 jours dans le Maine, USA. J’ai aussi bien entendu pris pas mal de photos…

En attendant, considérez cet article comme un journal de voyage.

JOUR 1, 1ER SEPTEMBRE 2012

Québec/Bangor

Je me lève tôt à mon appartement à Québec, sachant que j’avais beaucoup de route à faire pour me rendre à la première destination de ce voyage improvisé, la ville de Bangor. Pourquoi vouloir aller là-bas? Tout simplement parce que c’est là où vit Stephen King, le plus grand auteur de notre ère et ce qui se rapproche le plus de mon idole. Il ne m’en fallait pas plus.

Je pars donc à environ 10h du matin, avec un sac de sport contenant du linge, mon ordinateur portable, quelques fils de rechargement et des cahiers pour écrire. J’ai 500$ US cash sur moi. C’est après une dizaine de minutes de route que je me rend compte de quelque chose de plutôt important… j’ai oublié mon passeport. Je retourne donc à mon appartement le chercher, et je repars…

Ça commence bien.

On me disait que la route qui traverse le Maine était ennuyante et dangereuse. J’ai été agréablement surpris. C’était super beau! Des lacs partout, des forêts, des villages, pleins de cabanes de bois et des stations où on pouvait faire du kayak ou du rafting… Vraiment, j’ai adoré. Je me suis même arrêté à un petit cimetière sur le bord de la route, complètement entouré par la forêt. Je devais avoir l’air fin à prendre des photos d’un mini cimetière au milieu de nulle part… J’me suis même arrêté pour me dire à voix haute : « Mais qu’est-ce que je fous là »? J’ai poursuivit ma route.  Des pancartes nous avertissant de la présence d’orignaux à tous les 3 miles. Bien content de ne pas en avoir croisé un sur la route, mais j’avoue être déçu de ne pas avoir pu en prendre un en photo!

Puis, à un petit village, il y a un ambulance entourée de cône en plein milieu de la route. On doit la contourner afin de continuer sur le chemin… Je pensais qu’il y avait un accident, quelque chose du genre… non, juste une grosse madame avec des grosses lunettes rondes et une grosse salopette. Les chars devant s’arrêtaient à son niveau et lui donnait de l’argent. Ah, merde. J’sors donc un peu de monnaie de mon sac ziploc de monnaie américaine, je baisse ma vitre, baisse le son de ma radio (elle m’aurait pris pour un malade tellement je la mettais forte) et je m’arrête à côté d’elle. J’aperçois le contenant dans lequel elle récupérait l’argent : une grande botte d’eau. WTF.

– Hi, sir!

– Hey!

Je dépose l’équivalent de 75 cent et je crisse le camp. J’ai absolument aucune idée pour quelle cause je venais tout juste de donner de l’argent. Y’avait un petit logo sur le t-shirt de la madame, mais mon regard était plus porté sur sa botte remplie de monnaie. J’ai peut-être bien donné 75 cent pour le Ku Klux Klan et je ne le saurai jamais. J’arrive à Bangor après 4h30 de route. Genre de ville qui, en grosseur, me faisait penser à Shawinigan. Mais en bien mieux côté ambiance. Premier objectif, me trouver un endroit où dormir. Oui oui, parce que moi, j’ai eu l’idée de génie de rien réserver. J’me suis tapé les réception d’une dizaine d’hôtels et de motels, des plus riches aux plus paumés. Tout est déjà complet. C,est la fin de semaine de la fête du travail, alors… J’me dis que j’vais devoir me trouver un stationnement tranquille et dormir là… mais je trouve un dernier motel, le Super 8. Quand je rentre, la réceptionniste (une vieille indou a l’air pas smat du tout) me dit qu’il reste rien. J’étais prêt à aller brailler dans mon char quand son mari arrive et annonce que oui, il reste une chambre de dispo! Good! Peu importe le prix, je la prend! 89$ par crédit.

Je pars me chercher un Mcdo (question de me sentir vraiment aux USA) et visiter un peu les environs. Sérieux, n’essayez JAMAIS leur thé glacé sans sucre. Asti que c’est mauvais. En partant du Mcdo, j’ai fait signe à la caissière en partant et j’lui ai dis avec un grand sourire :

– Ça goûtait la pisse! 🙂

Quel bonheur parfois de parler français et que personne ne comprenne. La pauvre caissière a dû croire que je lui souhaitais bonne journée.

De retour au motel, je me met à travailler un peu sur Rédemption 2, mais je regarde avant tout pour un hôtel demain, à Old Orchard. J’avais pas envie de revivre la même situation qu’aujourd’hui, surtout qu’Old Orchard était bien plus visité que Bangor. J’ai finalement trouvé quelque chose sur le bord de la mer. J’appelle, et ils me disent qu’il ne reste plus qu’une chambre avec une « kitchenette » à 169$ la nuit. Leurs chambres sans kitchenette coûtait 139$

– Yeah, but I don’t need a kitchenette!

– I’m sorry, sir, but the only room left has a kitchenette!

– So I don’t have the choice to pay for the kitchenette? There’s really no other room without a kitchenette?

– Really not.

– …Ok, I’ll take the kitchenette.

Ça va me coûter un bras, mais j’ai une place pour dormir demain. J’essaie ensuite de trouver quoi faire à Bangor demain matin. Je savais que j’allais aller voir la maison de Stephen King ainsi que le plus énorme cimetière de tout le Maine, mais c’était tout. Je trouve complètement par hasard sur Internet quelque chose qui se nomme : SK Tour. 55$ pour 3h. C’est en fait une petite visite guidée en vanne avec un ami de Stephen King. Pendant 3h, il montre aux gens qui montent dans son vanne pleins d’endroits et de choses dont SK s’est servit pour ses romans. Et croyez-moi, il y en a beaucoup. Au cas où il y aurait des fans de SK qui liraient ceci, vous devez savoir que la ville de Derry qui est fréquemment utilisée dans les livres est en fait… Bangor! J’ai donc appelé le gars et j’ai réservé un « tour » le lendemain à 9h. J’ai hâte… je mets le cadran à 7h30.

JOUR 2, 2 SEPTEMBRE 2012

Bangor/Old Orchard

Je me lève à 8h30. Calisse de cadran américain à marde.Je me grouille, je « chek-out » et sort attendre le mec du SK Tour dehors (il passait me chercher avec sa vanne au motel). À 9h il est là. L’homme est super sympathique et s’appelle Stuart. Voyant que je n’étais pas tout à fait réveillé, il m’emmène au Dunkin’ Donuts (oui, il en reste là-bas! Vous devriez voir les Tim Horton’s là-bas et vous comprendriez pourquoi) pour que je puisse me prendre un café pour le Tour. J’ai TRIPPÉ. J’ai eu vraiment du fun avec Stuart. Vraiment gentil et connait parfaitement son sujet. Ça paraît que c’est non seulement un ami, mais un fan de Stephen King. Et il y a bien une petite anecdote que je voudrais vous partager.

Bangor vu du toit du casino

Bangor vu du toit du casino

On s’arrête devant une immense tour qui ressemble vraiment à un phare, mais qui n’en est pas vraiment un. Malgré mon anglais qui est pas mal du tout, je n’ai pas bien compris à quoi elle servait. Reste que quand Stuart et moi on arrive là, il y avait déjà un groupe de touristes présent qui prenaient des photos. Vous auriez dû les voir… les touristes américains clichés parfaits. Tous obèses. L’un des hommes du groupe porte de longues short style hawaïen horribles. En plus, ils n’ont pas l’air… vite vite. On sort et on les aide un peu pour qu’ils soient tous sur la photo… Ils disent finalement à Stuart qu’ils l’avaient appelé aujourd’hui pour faire le SK Tour… mais Stuart leur répond qu’un autre (moi) avait déjà réservé… Une fois les photos prises et les fameux touristes partis, Stuart et moi on se regarde quelques instants. Dans son expression, je vois tout de suite à quoi il pense, alors je dis :

– Nice shorts.

On part à rire.

J’étais triste quand a fin du Tour était arrivé. J’étais bien heureux d’avoir rencontré Stuart.

Bon, il était temps de partir pour Old Orchard!

La route s’est bien passée, cela m’a pris environ 2h30 avant d’arriver à destination. Première surprise : mon hôtel, l’Aquarius, est vraiment, mais vraiment bien placée. Juste sur le bord de la mer et à seulement 2 ou 3 rues des boutiques et du parc d’attractions. Ma chambre est aussi très belle. J’ai bel et bien une kitchenette. J’me suis tout de suite dis : faut absolument que j’me serve de la crisse de kitchenette qui me coûtait 30$.

J’suis donc allé m’acheter de la bouffe à un fast-food proche… j’ai commandé des frites (spécialité du fast-food en question), des croquettes et une « queue de castor », comme on les appelle ici. Là-bas, ce sont des « fried dough ». J’ai pris celle-ci au sucre à glacer… je croyais qu’ils la ferait cuire avec le sucre… mais non. Ils ont fait frire la pâte puis ont crissé dessus au moins 1 livre de sucre. Juste avant de retourner à l’hotel pour manger ça, j’suis allé dans une petite librairie juste en face et j’me suis acheté « Insomnia » de Stephen King, une brique à 15$. Je l’avais jamais lu et il y avait plein d’endroits que j’avais visités à Bangor qui apparaissaient dans ce roman.

Je repars à mon hotel après avoir marché un peu, question de laisser refroidir mon souper… je vous l’ai dis, j’allais m’en servir, de la crisse de kitchenette! J’men suis donc servi, et j’ai mangé, croyez-le ou non, les meilleures frites de toute ma vie. C’est dommage que je n’aie pas pris en note le nom du casse-croûte, sérieux, parce qu’ils font vraiment les meilleures frites. Le reste aussi était succulent, mais pas autant que les frites.

Je suis ensuite allé faire un tour sur la plage environ 1 heure… puis j’suis revenu à l’hotel pour écrire un peu et réserver quelque chose pour demain.

J’ai réussi à me trouver un bed and breakfast tout près de mon ancien hotel. 99$ la nuit. Parfait, je réserve.

Demain, je vais aller faire un tour à la plus grande ville du Maine, Portland, là où est né Stephen King.

JOUR 3, 3 SEPTEMBRE 2012

Old Orchard/Portland/Old Orchard

Je me lève vers 10h et je check-out de l’Aquarius, qui m’a coûté très cher, mais qui en a tout de même valu la peine. Sincèrement, être en couple, j’retournerais certainement avec ma blonde là-bas. Je pars pour Portland. Environ 30 minutes de route.

Je croyais qu’il y avait énormément de restos à Québec. Merde, j’avais rien vu. Portland, après San Francisco, est la ville qui a le plus de restaurants des États-Unis. On peut y manger absolument partout, c’est n’importe quoi!!!

À 13h30, j’embarque dans une visite touristique assez spéciale. Un truc que j’avais dégoté le matin-même sur Internet. C’est le Downeast Duck Adventures. 25$ pour 1h30. Un grand autobus bleu qui fait un tour guidé de toute la ville. J’embarque là seul. Je suis entouré de familles et de couples… forever alone. Il y a un truc spécial sur le bus par contre… il va dans l’eau!!! Continuez à lire, vous allez voir.

On part à partir de Commercial Street, une très longue rue sur le bord de l’eau. Il y a un chauffeur, Joe, et un animateur, plus jeune, et dont je ne me souviens plus du nom. Il est très enthousiaste… un peu trop même. On n’appelle pas ce bus le « Downeast Duck Adventures » pour rien… en fait, c’est parce que à quasiment chaque fois qu’on croisait des piétons ou qu’on arrêtait à côté d’une voiture à un feu rouge, on devait tous crier : QWACK! QWACK! comme un asti de canard. J’ai jamais vu des adultes avoir l’air aussi con. L’animateur nous racontait pleins de trucs sur la ville en pointant des bâtiments, puis dès qu’il voit un piéton qui nous regarde un peu longuement, il crie QWACK QWACK!!! Quessé que je crisse icitte?!!!

Puis, le moment tant  attendu, l’autobus plonge dans l’eau. Croyez-le ou non, l’autobus naviguait dans l’eau aux côtés des bateaux. Ça aussi, vous aurez des photos. J’ai pas trop compris comment ça fonctionnait, trop occupé par mon rôle de touriste prenant des photos avec l’appareil numérique rose de sa petite soeur. J’ai juste compris que les roues roulaient toujours, même sous l’eau.

Pendant ce temps, l’animateur va voir tous les passagers, leur demande de dire QWACK dans le micro et de dire d’où ils viennent. Certains viennent du Connecticut, d’autre d’Illinois, d’autres même de Californie! À chaque fois, l’animateur leur fait un commentaire du genre : « Ah ouais! J’ai un oncle là-bas qui… » ou bien « …Et vous êtes fans des Yankees »?

Il arrive finalement à moi.

– Do a little qwack qwack please!

Il me tend le micro et attend que je fasse qwack qwack. Je le regarde sans rien dire. S’il insiste pour que je dise qwack qwack devant tout le monde, je prend son micro et je le crisse à l’eau.

Il n’a heureusement pas insisté.

– Where are you from?

– Quebec city!

– Oh, Quebec city!

Aucun commentaire supplémentaire et passe à la famille derrière moi. Trois choix :

1. Il était fru que je ne dises pas qwack qwack.

2. Il se foutait complètement du Canada et du Québec.

3. Il se disait dans sa tête : Where du fuck is Quebec city?!

J’opte pour la 1ère ou la 3ième option.

Puis, le coup de grâce.

Au moment où on doit regagner la terre ferme, l’animateur nous dit qu’on doit « battre des ailes » comme un canard afin de donner un bon élan à la bus pour rouler de nouveau sur la route.

Tabarnak.

J’ai jamais vu une gang de touristes avoir l’air aussi cons. Parce que oui, ils l’ont fait. Pas que les enfants. J’aurais dû filmer ça et l’envoyer à Rire et Délires. Pas eu le temps… j’étais trop crampé sur mon bac.

La visite guidée terminée, je décide de retourner à Old Orchard. C’était le congé de la fête du travail, alors pas grand-chose était ouvert… pas la peine de rester bien plus longtemps. Je vous conseille le Downeast Duck Adventures lors de votre première visite à Portland… vous allez conaître tous les endroits intéressants de la ville et vous allez rire un bon coup. Et puis, une bus qui va dans l’eau… on voit pas ça tous les jours.

À bord du Downeast Duck Adventures... foutage de gueule garanti!

À bord du Downeast Duck Adventures… foutage de gueule garanti!

Je suis donc de retour à Old Orchard, cette fois dans un bed and breakfast. je ne vous décris pas l’endroit, je vais mettre plusieurs photos très bientôt. Reste que c’était très beau et bien situé. J’suis allé sur la plage et j’ai déambulé dans les rues… C »est fascinant de voir à quel point il y a des québécois. Une personne sur deux parlait le français dans les gens que je croisais dans la rue. Et quand un québécois me parlait en anglais dans un file ou pour me demander des indications, je faisais à croire que j’étais américain et je parlais anglais. Oui oui, ça me faisait rire. Le pire c’est que ça marchait! Mon accent doit pas être si mal alors!

Alors que je marche pour retourner au bed and breakfast, je vois deux filles de mon âge (j’ai presque jamais croisé de monde de mon âge depuis le début du voyage! C’était dommage, j’aurais bien voulu en rencontrer!) qui sont assises devant un resto de homards (Si vous aimez le homard, allez dans le Maine. Il y a des restos et des casse-croûte servant le homard partout). En plus, de loin, je remarque qu’elles sont québécoises! Cerise sur le gâteau, elles sont cutes. Ok, je me décide à aller les aborder, peut-être qu’ils sont une gang de jeunes en vacances!

Alors que je m’approche d’elles, je les entend jaser un peu… elles bitchent un gars. Ça a l’air sérieux.

Fuck off.

J’men va direct à ma chambre.

En y repensant, ça aurait été comique d’aller quand même aller leur parler, de leur faire croire que j’étais un Ontarien solitaire cherchant des amis… Juste pour voir ce qu’elles auraient dis de moi dans « mon dos » en français. Je sais pas si ça aurait pu marcher, mais j’ai regretté de ne pas avoir essayé. Voir leur face quand je leur aurais avoué être québécois… hahah!

Je travaille un peu dans ma chambre et me couche plus tôt que d’habitude, fatigué de ma journée.

JOUR 4 et FINAL, 4 SEPTEMBRE 2012

Old Orchard/Trois-Rivières

Je me lève vers 9h pour profiter du déjeuner de la maison et je pars immédiatement pour le Québec. J’avais bien envie d’aller à Salem, la fameuse ville des sorcières proche de Boston, à 1h30 de Old Orchard, mais je voulais absolument arriver à temps au Québec pour voir live qui avait gagné les élections!

Non c’est pas vrai, j’suis pas allé à Salem parce qu’il pleuvait beaucoup trop.

J’ai donc traversé le New Hampshire et le Vermont pour remonter jusqu’à Sherbrooke puis Trois-Rivières… Oh my god que la route était plate. Des arbres, des arbres, des arbres.

Je pensais que ça serait cool de rouler entre les montagnes! Non. Y’a des câlisse d’arbres dessus et partout autour. 6h30 d’arbres. Si vous avez le choix, prenez la route qui traverse le Maine. Non ce n’est pas l’autoroute et c’est un peu plus dangereux car c’est une route à rencontres, mais c’est tellement plus intéressant à voir!

J’arrive en fin d’après-midi à Trois-Rivières, satisfait de mon voyage.

Ce que j’ai aimé le plus : le SK Tour, sans hésiter, à Bangor. Stuart était super gentil et tout ce que j’ai appris sur Stephen King en valait amplement le 55$.

Ce que j’ai le moins aimé : les gens en général! Je pensais que les gens s’intéresseraient un peu plus à un grand type à l’air un peu perdu et avec un léger accent. Les québécois d’Old Orchard n’étaient pas mieux, d’ailleurs. Bien entendu, je ne veux pas généraliser non plus! Les gens de Bangor étaient les plus sympathiques.

Ce qui m’a le plus surprit : Aux douanes, que ce soit pour aller aux USA ou au QC, on demande toujours : vous avez de l’alcool?

Mais jamais : Arme blanche? Arme à feu?

J’aurais pu avoir 10 AK-47 dans le char avec toute la trousse de couteaux de Dexter.

Deuxième chose : Les USA sont en élections, comme le QC… mais j’ai pas vu une seule pancarte de publicité sur la route! Pas une!

Puis un détail pour les gars qui lisent… : Les filles sont pas belles belles. J’en ai croisé énormément du monde et tout ce que j’ai à dire c’est… Vive les Québécoises.

Coût total du voyage (hôtel, bouffe, essence, activités) : Environ 500$J’espère que cet espèce que journal de voyage vous a plu et vous a peut-être donné envie d’un petit roadtrip!

Simon