Il est 7h du matin. J’ai une journée de malade qui m’attend. Malade dans le sens pas le fun du terme.
Je dois prendre un taxi à 8h qui va m’emmener à la station de train de Hull parce qu’il n’y a pas de bus aussi tôt le matin un dimanche. Je prends ensuite le train vers Londres, en faisant un transfert à Doncaster. Ensuite, je prends un train pour me rendre jusqu’à l’aéroport Gatwick. Mon vol part à 17h et j’arrive vers 20h30 à l’aéroport Fiumicino de Rome. Finalement, je prends un bus qui m’emmène jusqu’à la station de train Termini, plus ou moins au centre de Rome, près de l’auberge de jeunesse Yellow, dans laquelle je vais rester pour quasiment une semaine.
Pas trop le temps de souffler, mettons. La peur que l’un ou l’autre des transports ait du retard et m’empêche d’attraper le train suivant me hante. Et, bien entendu, ma peur se réalise. À cause des foutues inondations du sud de l’Angleterre, mon train vers Doncaster est retardé de 45 min, et je manque mon transfert. Au moins, le train suivant se rend suffisamment vite à Londres pour que je puisse continuer mon voyage sans problème.
J’arrive bel et bien à mon auberge vers 22h30, un peu épuisé, non pas physiquement, mais mentalement. Au moins, il fait chaud. Plus besoin de manteau… juste une veste suffit, et c’est uniquement parce que c’est le soir.
Je m’installe dans ma chambre (6 lits et une mini salle de bain avec douche) et je décide de faire un tour au bar de l’auberge, map de la ville en main pour organiser mes futures journées dans la ville éternelle… Le bar est finalement pas mal mieux que je croyais, il y a de la place en masse et même un sous-sol servant de dancefloor… j’aime bien. Je laisse ma carte à ma table, puis j’me rend au bar me chercher une bière, en me doutant très bien que quelqu’un va s’asseoir à ma place pendant que je commande. C’est une stratégie. Je reviens, et effectivement, 4 personnes sont assises et regardent ma carte. Je leur demande alors avec le sourire comment ils trouvent ma map, etc… je finis par m’asseoir avec eux et par jaser jusqu’à minuit 45. Deux Néerlandais, un Mexicain (qui ressemble trop pas à un Mexicain) et une Allemande super cool qui étudient pour leur maîtrise en Italie…Je finis par être vraiment dead, alors je vais me coucher en donnant rendez-vous à mes nouvelles connaissances le lendemain soir.
Je déjeune au bar (œufs et bacon pas mal du tout) puis je décide de prendre une marche en solitaire, le temps que Cynthia arrive à Rome. Cynthia est une Québécoise qui fait le même travail que moi en Angleterre, mais à Ipswich, et ça adonnait qu’on voyageait à Rome en même temps, alors on s’est donné rendez-vous à la même auberge.
J’explore, je marche, j’explore, je marche… la ville est belle. La vie est belle. Il fait chaud, super chaud. Genre 18 degrés. Je tombe sur la Piazza di Spagna, qui offre autant une superbe vue à son sommet qu’à son niveau le plus bas. Spot parfait pour manger un gelatto (crème glacée divine italienne). Je continue et fini à la Piazza Del Popolo. Un peu plus vaste, un peu plus vide, mais munie de l’église Popolo qui n’est pas trop connue de tous et qui, à l’extérieur, n’est pas plus intéressante que ça… contrairement à l’intérieur. De superbes œuvres d’art couvrent ses murs et n’étant pas parcourue de touristes, il est facile de s’y reposer un instant, de s’asseoir et de fermer les yeux, le temps de réaliser qu’on se trouve en Italie, à Rome.
Je prends un autre chemin pour revenir à l’auberge… je passe par un parc par hasard. La Villa Borghese. Vue superbe sur Rome, terrains verts, couples en plein pic-nic… Je m’installe sur un banc et je lis quelques chapitres de La forêt des Mânes, de Jean-Christophe Grangé, et je profite. Merde que je suis bien. Je me force à me lever car je sais que j’ai une longue marche devant moi… et je finis par croiser trois filles qui aimeraient que je prenne une photo d’eux. Je la prends avec plaisir, continue ma route… et m’arrête. Je décide de retourner les voir.
– I thought about it, and I think I might want a picture too…
Ils prennent une photo de moi, que voici :
Et ensuite j’en profite pour leur demander d’où elles viennent : d’Argentine. Valentina, Natalia et Agustina. On fait un peu mieux connaissance, on apprend qu’on reste à la même auberge et on se donne rendez-vous le soir même au bar. Vive les rencontres hasardeuses.
Je retourne à l’auberge et y retrouve Cynthia. On passe la journée à bouffer du gelatto et à visiter les attractions gratuites de la ville les plus populaires : Fontaine de Trevi, Panthéon (celui de Paris fait pitié en comparaison), Piazza Navona, Piazza Venezia…
Puis, en marchant dans les ruelles du centre-ville, on remarque qu’une gang de fille asiatiques n’arrêtent pas de nous jeter des regards «furtifs» et de rire. Enfin… de ME regarder et de rire. On finit par s’approcher d’eux et je leur demande s’ils veulent que je prenne une photo pour eux… Avec leurs sourires naïfs (et trop cute, je dois l’avouer) ils acceptent avec plaisir… puis veulent en prendre une avec moi. Je comprends qu’elles sont Japonaises (je sais reconnaître du japonais quand j’en entend) et qu’elles ne parlent pas vraiment plus anglais que je parle japonais. Alors malheureusement notre discussion s’arrête là, mais j’ai aussi envie de prendre une photo d’elles en souvenir, et voilà ce que ça donne :
Ouais… je veux aller au Japon.
Bon alors on poursuit notre route, les Japonaises continuent à nous suivre un petit bout de temps avec la même attitude et à un moment donné, on se perd de vue. Dommage. Je les aimais bien, moi 😛 .
Après une longue marche on retourner à l’auberge, je rencontre mes nouveaux colocs de chambre : deux Australiens, un type de Nouvelle-Zélande et une Norvégienne. On commence à jaser, et je me rend vite compte que c’est le tout premier voyage de la Norvégienne… oh god, elle avait aucune confiance en elle. Elle a dû nous demander quatre fois qu’est-ce qu’elle devrait mettre pour ne pas avoir froid (WTF, t’es en Italie et tu viens de la fuckin’ Norvège!!!) et aussi où elle pourrait manger… Disons qu’elle avait pas beaucoup voyagé en solo avant ça. Mais bon, malgré tout, elle était super. On a bouffé ensemble dans un resto à moitié chic en face de l’auberge, et elle m’a surpris en bien. Elle a aussi un blog, et normalement je devrais y paraître… le voici : http://gurokd.tumblr.com
Malheureusement, elle ne passait qu’une seule nuit à l’auberge et faisait du Couchsurfing par la suite. On a quand même pu passer une belle soirée après le resto au bar avec Cynthia, les trois Argentines et même les Néerlandais, le Mexicain et l’Allemande que j’avais rencontrés la veille! En bas il y a un show «burlesque»… en fait c’est juste une jolie rousse qui dansait sur de la musique des années 50 et qui a fini les boules à l’air… Finalement le dancefloor est ouvert, le DJ arrive, et c’est le party. Je me couche tard. Trop tard.
Je me réveille aussi trop tard. Pas le temps de faire un million d’activités… alors on n’a le temps que de visiter la Basilique Saint-Pierre du Vatican. En s’y rendant on est témoins de l’arrestation de plusieurs pick-pockets… des pick-pockets qui avaient l’air de pick-pockets 😛 Live, sur ce pont-là :
On arrive finalement au Vatican, devant la Basilique… Constater la quantité d’argent investie dans cette religion prônant la pauvreté et l’humilité… ça me fait toujours sourire.
On a faim. Par pur hasard, Cynthia et moi croisons de nouveau les Argentines. On décide de chercher une pizzéria. Astuce : ne jamais aller dans les resto proches des attraits touristiques. On se perd donc dans les dédales de rues de Rome et on tombe sur une petite pizzéria dont les chefs nous font goûter tous plein de saveurs avant de nous en vendre une pointe complète. Une pointe : entre 1 et 3 euros. Et une ostie de bonne pointe, à part de ça. Je dis pointe, mais en fait, c’est plutôt un rectangle. Ils plient le «rectangle» en deux et nous donnent ça enrobé de papier… pas mal plus simple à bouffer qu’une pointe qui coule partout.
Et là, les filles veulent magasiner. Tabarnak. Est-ce que j’aurais pu foutre le camp? Ouais. Est-ce que je l’ai fait? Nope. Pourquoi? No freakin’ idea. Je devais préférer me perdre dans Rome à plusieurs au lieu de tout seul. On passe des heures au fucking Zara et H&M… En fait, le linge est super cher en Argentine. Alors, pour les filles, c’était le temps d’en profiter et de magasiner. Même les prix en euros équivalaient à moins cher que les leurs en Amérique du Sud. Elles étaient donc en amour avec H&M. God… une chance que j’ai ri quelques fois parce qu’autrement ça m’aurait semblé interminable. On finit par se perdre un tout petit mini peu… mais les filles, parlant espagnol, réussissent à demander leur chemin à tous plein d’Italiens et on arrive à trouver une station de métro. (L’espagnol n’est pas que très semblable au portugais, mais aussi à l’italien, donc c’est facile de se faire comprendre en Italie avec l’une de ces langues) L’anglais aurait sûrement marché aussi, mais je suis persuadé qu’on aurait eu droit à des réponses et indications un peu plus… sèches.
Autre belle soirée au bar. Margherita. Bières. Vin. DJ. Danse. Nouvelles rencontres. Je me couche encore une fois trop tard.
Le jour suivant, on se rend au Colisée. Malgré les échafauds installés sur ses parois extérieurs, on est éblouis par son intérieur.
À la sortie, après avoir croisé un type déguisé en légionnaire en train de fumer une clope (super crédible) on marche à travers différentes ruines… celle du Circus Maximum, du Forum Romain et de tous pleins d’autres trucs dont je ne me souviens plus les noms… Une marche tranquille aux décors d’Antiquité, d’Histoire, de silence… Un moment agréable. Vers la fin, on est censés tomber sur la fameuse prison de Saint Pierre. Eh ben, on l’a jamais trouvée, la foutue prison. Les ruines sont en quelque sorte un labyrinthe… alors on sort où on le peut pour aller bouffer. Dommage pour la prison, mais j’ai faim.
Autre soirée au bar (inutile d’aller ailleurs, c’est suffisamment nice au Yellow), la dernière des Argentines. J’en suis plus touché que je le pensais. Je les présente à mes colocs Australien et celui de Nouvelle-Zélande. Je rencontre des Canadiens de Toronto qui étudient à Nice, en France. On jase longtemps, ils me proposent de m’héberger lorsque j’irai à Nice avec Merss en avril. On danse comme des malades… je parle avec deux Brésiliens qui trippent sur le basket. On jase de NBA pendant au moins une heure… Mon coloc de Nouvelle-Zélande est complètement bourré… il se pète la gueule sur le dancefloor… il dégueule partout dans notre salle de bain… et je lui en veux même pas. Je trouve juste ça très drôle.
J’suis heureux.
Le lendemain matin, je me lève tôt. Je veux déjeuner avec mes amies avant qu’elles quittent pour Venise. Les adieux sont plus durs que je pensais. Grâce à elles, j’ai envie de voir Buenos Aires.
Cynthia et moi on retourne au Vatican pour voir la Chapelle Sistine. Si vous voulez mon avis, ça n’en vaut pas tant la peine que cela. Mon unique déception de Rome, à vrai dire. Le corridor menant à la chapelle est plus impressionnant :
Ensuite, le Castel St Angelo. Esthétiquement très moyen, mais la vue à son sommet en vaut largement le détour. C’est le dernier monument qu’on visite à Rome. Retour à l’auberge. Je sais que je dois me lever très tôt le lendemain pour quitter le pays, mais je m’en fou. J’ai juste envie de fêter.
En soupant au bar j’entends un gars qui parle en anglais, mais avec un accent typiquement québécois. On finit par parler et oui, c’était un gars de Rimouski! Un autre Québécois à Rome! Avec Cynthia et lui (Martin), on rassemble tous pleins de personnes plus ou moins seules : une Brésilienne, des Écossais, un Anglais, un Australien, une Suisse, les Canadiens de la veille… on colle tous pleins de tables et on jase, on boit, on rit et on danse pendant des heures et des heures. J’ai dormi à peine une heure, cette nuit-là.
7h le matin. Dans une heure, ma bus pour l’aéroport quitte la station Termini. Je dois me grouiller… mais petit problème : mon coffre-fort refuse de s’ouvrir. Un mini coffre-fort servant à cacher les papiers importants, genre passeports, billets d’avion… et bah le mien il ne marchait plus. Le code que j’avais créé et utilisé toute la semaine avait décidé de ne plus fonctionner. Je demande de l’aide au réceptionniste et il sait pas quoi faire pentoute… je commence à capoter… Est-ce que le coffre est brisé ou quelqu’un a volé mes trucs et a changé le code? Un spécialiste arrive à 7h55. Il arrive à ouvrir le coffre-fort. Tous mes trucs sont là. C’était juste de la méga bad luck. La responsable des lieux me donne 15 euros pour que je puisse me payer un billet de train jusqu’à l’aéroport, sachant qu’à cause de son coffre de merde j’avais manqué ma bus. Elle m’offre même un café. Mon problème est déjà oublié. J’adore cette auberge. Je me grouille jusqu’à la gare, attrape le premier train et réussi à embarquer dans mon avion in extremis. J’suis mort, mais j’arrive en Angleterre à la date prévue et sans avoir eu à débourser plus de frais que prévu.
Un voyage que je n’oublierai jamais. Un voyage au cours duquel j’ai fait d’innombrables rencontres avec des gens de partout sur la planète. Un voyage bien plus enrichissant que prévu. À Rome, je croyais en apprendre plus sur l’Histoire, la religion, la culture italienne, l’architecture… à la place, j’ai appris à quel point l’amitié vraie, qu’elle soit pour la vie, pour quelques années ou le temps d’un voyage, peut aisément franchir les barrières de la langue, de la culture, de l’Histoire et de la religion pour offrir des moments inoubliables. Un gros merci à tous ceux avec qui j’ai partagé cette superbe aventure. J’ai ressenti tout sauf de la solitude lors de ce voyage en solitaire.
S.R.